plumes de fer, bouteilles de verre [PV: libre]

Le soleil commençait à descendre, teintant le ciel d'une couleur rougeâtre. Sur une route descendant vers la ville, un homme se tient debout, semblant hésiter à rejoindre cette ville. Il est fatigué de marcher. Peut-être devrait-il s'arrêter ici, histoire de dormir un peu. L'ennui, c'est qu'il a passé toutes ses bouteilles de vin. Il expira de l'air par le nez en signe de désappointement. Se servant de sa fourche comme d'une canne, l'homme se met à avancer. Ce n'est pourtant pas un homme qu'on voit. De la paille sort de ses manches. Ses yeux sont rouge, très foncé. Sa tête est hornée d'un chapeau de paille, noire. Peu importe ce que le passant se dit en le voyant, il a toujours l'impression de voir un épouvantail marcher. Miedo le sait, ce n'est pas très éloigné de la réalité.

L'épouvantail abaisse son chapeau pour cacher ses yeux. Il continue à avancer, puis s'arrête après avoir entendu un croassement de corbeau. L'oiseau décide de se poser sur une branche d'arbre mort. Miedo met sa main dans son dos, et saisis la poignée de son fusil. Il le dégaine sous le regard interrogateur du corbeau. Il charge l'arme et la pointe vers ce détestable animal. Le corbeau comprend finalement, mais trop tard. La détonnation se fait entendre, suivit d'un cri d'oiseau étouffé qui ne dur même pas une seconde. De la fumée s'échappe de la bouche du canon de Miedo. Celui-ci range l'arme dans son dos et continue sa marche comme si rien ne s'était passé. La seule différence remarqué dans son attittude est un rictus de satisfaction nouvellement dessiné sur son visage.

Miedo arrive finalement au porte de la ville. Un homme se trouve là, sans doute pour garder la porte, se dit l'épouvantail. Néemmoins, ce pauvre type resta figé, les yeux exorbités. En guise de réponse, Miedo lui fait un signe de la main. Un rire s'échappe de sa bouche craquelée, toujours munie d'un sourire mauvais. Les pieds de Miedo continuaient pourtant inlassablement de marcher, pour qu'il puisse enfin aller trouver un endroit où on vendait de l'alcool. Et de marcher ainsi commençait sérieusement à l'irriter.

Miedo trouva finalement un endroit qui s'appellait Le Mousseux, selon l'affiche que possédait l'établissement. L'épouventail poussa la porte et fut surpris par le peu de gens qui s'y trouvait. Il supposa dans un haussement d'épaule que les clients devaient arriver plus tard. Il traversa la pièce d'un pas lent, vers le barman qui semblait plus ou moins sûr du type qui s'approchait. Non seulement il l'effrayait, mais la fourche qu'il tenait ne le rassurait pas le moins du monde. Puis, L'épouvantail prit un siège au comptoir, posa sa main sur celui-ci. Il la retira ensuite pour laisser voir une poignée de monnaie.

"Du vin."

Le barman s'exécuta aussi rapidement que possible. Au moins, il payait. Il sortit une bouteille d'un vin de qualité très moyenne et la passa au client, qui ne semblait pas très affecté par la piètre qualité. Il retira le bouchon de liège en y enfonçant son doigt pointu et en le retirant. Miedo rejeta le bouchon vers l'arrière et bus une gorgée à même la bouteille. Lorsqu'il retira ses lèvres, il soupira un grand coup et regarda le barman avec un sourire qui était tout sauf chaleureux. Il dit sur un ton sombre:

"Merci mon brave."

Miedo prit une autre gorgée. C'était si bon! Bien sûr, il aurait préféré quelque chose de meilleur, mais pour l'instant, cela le contentait amplement. Tant de saveur... cette odeur enivrante que l'alcool répendait dans la pièce. Pour Miedo, rare étaient les choses capable de le satisfaire autant qu'une bouteille de vin.

C'est à ce moment que des clients se mirent à arriver. En grand nombre, cette fois. Le bruit que tout ces gens produisait était agaçant. Seulement, malgré cette cacophonie, Miedo était capable de ressentir quelque chose. on l'observait. Bien sûr, vu son apparance, c'était normal. Mais aujourd'hui, c'était différent. Ce n'était pas des regard plein de dédain ou de peur qu'il ressentait peser sur lui. En fait, il n'aurait su dire ce que c'était. Il sortit de sa concentration à cause du bruit de la porte qui s'ouvrait très fortement.

Lorsque la jeune femme vint s'asseoir à côté de lui, Miedo ne le remarqua pas trop. Pour l'instant, l'épouvantail gardait son esprit fixé sur le pas lent et lourd du colosse qui venait d'entrer. Il arqua lentement un sourcil. Puis, Miedo perdit toute sa concentration. La femme lui parlait. Le vin n'était, apparament, pas à son meilleur dans cet établissement. Miedo se retourna finalement vers elle. Ses yeux descendirent rapidement vers ses pieds pour remonter aux yeux de la femme. Sans doute n'avait-elle pas été effrayé par l'apparence de Miedo. Miedo passa alors une main dans sa chemise et en ressortit une petite bourse.

"Avec l'argent que j'ai, je n'ose pas trop aller plus haut. Et puis, j'ai pas envie de me donner la peine de tuer quelqu'un."

Il replaça sa bourse où il l'avait prise et porta sa bouteille à ses lèvres pour en prendre une autre gorgée. Une question se posait dans la tête de Miedo. Pourquoi ce sourire? La gentillesse, la courtoisie, ou quoi que ce soit d'autre, l'épouvantail ne les expérimentait pas très souvent. C'était une incompréhension pour lui. Miedo n'en fit pas de cas. À quoi bon.

""Vous m'avez l'air d'être un curieux personnage...""

Cette remarque fit sourire Miedo. L'épouvantail ne lui faisait pas peur, ne lui inspirait pas de dédain. Elle le trouvait curieux. Peut-être était-ce elle qui le regardait? Ce détail importait peu dans la tête de Miedo. La femme finit par lui demander s'il venait du coin.

"Quelle perspicacité. Non, je ne suis pas du coin. Je viens d'un endroit qu'on appelle communément un trou. Y'a des champs, des vaches, des saletés de corbeaux... Le paradis sur terre."

La dernière phrase avait été emplis d'un grand sarcasme. Pour lui, c'était de l'humour. Pour ceux avec qui il avait parlé, il avait été le seul à rire. Mais pour l'instant, il gardait son sérieux. Pour l'instant, ce n'était pas une farce qui le faisait rire. Puis, Miedo se décida à continuer la conversation.

"Et vous. Vous n'as pas l'air d'aimer ce lieu, à votre façon de regarder les gens passer. Que faites-vous ici?"

Le vouveoiment... Méthode stupide de dire : je ne te connais pas, selon Miedo. Toutefois, selon plusieurs, c'était une marque de respect. Et puis, À quoi bon contrarier quelqu'un d'autre. Normalement, il aurait adoré. Mais pour l'instant, si elle était prompt à prendre les armes... L'épouvantail n'avait aucune envie de se battre pour le moment. Il n'avait pas envie de faire le moindre effort. Pour l'instant, il avait envie de boire.

Puis, le pas lent et lourd du colosse recommença. Dans la direction de Miedo. Ou peut-être de la femme? L'épouvantail roula les yeux. Les bars étaient quelques fois réputé pour les bagarres. Peut-être que celui-ci en faisait parti? Miedo passa sa main sous sa manche et en sortit deux doigts qui tenaient une plume noire. L'épouvantail se mit alors à murmurer en chantonnant. Au même moment, il se retournait pour voir le colosse, qui ne pouvait entendre ce que Miedo disait.

"Plumes de fer,
bouteilles de verre,
ton sang coulera par terre..."

Le colosse continuait de s'approcher, toujours aussi lentement, selon Miedo. Désormais, dans sa tête, il était clair qu'il devrait bientôt s'adonner au combat. Les yeux de l'épouvantail s'abaissèrent vers la main gauche de l'homme. Il tenait ce qui semblait être une patte de chaise. L'avait-il vraiment prise dans cet établissement? Peu importe. Il se retourna vers la femme.

"Tu crois qu'il veut frapper quelqu'un? Je suis pas sûr qu'il a l'intelligence requise..."

Cependant, le colosse ne s'arrêta pas devant Miedo. Peut-être visait-il plus faible? Où encore, peut-être visait-il une femme, qu'il ne voulait pas prendre de face... L'épouvantail pointa l'homme du menton.

"À ta place je ferais attention... Je ne veux rien insinuer du tout, mais ce type semble aimer les femmes courtement vêtues..."

Un sourcil relevé, Miedo fixait l'homme. Ne sachant pas trop pourquoi, l'envie de se battre regagna soudainement Miedo. Peut-être le fait qu'il ait déjà une arme en main. L'épouvantail s'était senti menacé. Maintenant, c'était à l'autre de sentir une menace planer sur sa vie...

Miedo avait été surpris par l'agilité de la femme. Une chose était sûre, elle n'avait aucunement besoin de protection. Lui qui l'avait cru légèrement plus fragile, l'épouvantail retiendrait la leçon. Au moins, cette attaque n'était pas dirigée contre lui. Il fit la moue en tâtant son bras au moment ou celui du colosse tomba par terre. Cependant, Miedo ne put s'empêcher d'émettre un rire lorsque la femme reprit les paroles de ce qu'il avait chantonné juste avant qu'elle fasse preuve de ses talents.

"Eh ben dis-donc... C'est malheureux, je doute qu'il puisse encore faire attention à ce qu'il fait..."

L'épouvantail regarda le colosse se tortiller sur le sol. Puis, il leva les yeux vers l'assemblé. Eux aussi semblait vouloir se battre... Un sourire se dessina sur la bouche de Miedo. Il saisit sa fourche, puis en retira les pointes en faisant tournoyer le morceau de fer qui les soutenaient. Il déposa ensuite cette partie de l'arme, puis sortit une lame de sa chemise, qu'il positionna sur le baton, formant une sorte de lance. Miedo se releva, découvrant sa grande silhouette. Il plaça sa lance derrière lui, la lame pointé vers le sol. Sa main gauche passa alors sous sa chemise, puis s'arrêta. Il regarda la femme.

"Tu veux jouer?"

Miedo se retourna vers l'assemblé. Elle semblait prête à lui arracher les yeux. Peut-être le bras, comme à leur compagnon? L'épouvantail n'en était pas sûr, et préferait ne pas l'expérimenter. Il était maintenant prêt à se battre, sans relache, ou presque. Il faut dire qu'un épouvantail a une capacité assez limité... La plupart du temps. Dans son cas, c'était différent. Il lui semblait bien que ses nouveaux ennemis ne le percevaient pas. Peut-être que la mort du plus téméraire refroidirait leurs ardeurs, mais Miedo ne le voulait pas. Après tout, il venait de se procurer de tout nouveaux jouets.

"Qui veut jouer en premier? C'est chacun son tour..."

Miedo sentait qu'il venait de dire les bons mots pour attirer ces humains dans son jeu. Il avait dit ces paroles de façon à ce qu'ils comprennent que l'épouvantail se croyait et se savait le plus fort. Pour eux, c'était une provocation. L'un des hommes courut vers lui, poing levé. Miedo ne broncha pas. Il laissait l'humain approcher, sa main toujours sous sa chemise. Au dernier moment, lorsque l'homme allait abattre son poing dans le visage de Miedo, celui-ci s'écarta promptement, se retourna vers l'homme, maintenant penché sur le comptoir.

L'épouvantail retira sa main de sa chemise avec force. On entendit alors un son de projectiles fendant l'air, pénétrant la chair, puis, le son d'un homme qui souffre. L'homme était maintenant criblé de plumes alors que du sang s'échappait des trous laissé par les projectiles. Miedo s'approcha de l'homme, toujours vivant. Il le prit par le col de son manteau, le releva, puis le descendit vers le comptoir avec force. Les dents de l'homme furent cassées, et sa machoire fut déplacé. Miedo le releva, le plaça de façon à ce qu'il soit face à lui. L'épouvantail fit tournoyer sa lance dans sa main en relevant le bras, puis, abbatit la lame sur la gorge de son adversaire. La pointe de cette lame dépassait de l'autre côté du cou. Plutôt mince, elle n'avait eu aucune misère à pénétrer la chair et briser les vertèbres du cou de ce pauvre homme.

L'épouvantail retira la lance du cou du cadavre.celui-ci s'écroula sur le sol, inerte. Miedo n'avait aucune expression sur son visage. Aucun plaisir, aucune tristesse n'était percevable. Lui qui, pourtant, avait voulu se battre, ne semblait pas y prendre de plaisir, tuant avec un sang-froid effrayant.

Miedo se retourna, vers l'assemblé, cette tête sans expression collé sur le visage. On aurait cru que quelque chose émanait de lui, sombre, sanguinaire. Les gens commençaient à avoir peur. Les yeux caché par son chapeau, l'épouvantail ne bougeait plus. Puis, sa bouche finit par s'activer.

"D'autre veulent se joindre à nous?"

Miedo ne bougea pas. Il attendait une réponse des autres. Peut-être voudrait-il venger leurs camarades maintenant décédés?