Je vais commencer par un texte que tous les anciens de vampire ont déjà lu, mais c'est mon favoris et pour moi c'est le plus beau texte que j'ai écrit donc je le remêt^^
Le corbeau de glace
On ne le connaît pas. Les passants le considèrent d’un œil aveugle. Si les gens le remarquaient, tout serait bien différent.
Il est né à Oran et y a vécu tout au long de sa vie. Il ne lui est jamais venu à l’esprit de voyager. Son amour pour cette ville provient de son enfance. Alors qu’il entrait dans la petite école, il remarqua aussitôt la différence de comportement entre lui et ses camarades. Ainsi, pendant qu’il s’affairait à éjointer les oiseaux, les enfants étouffaient des exclamations dégoûtées. Ces derniers semblaient heureux comme des petits lapins sautillant dans l’herbe verte de la jeunesse. Or, lorsque le responsable proposait des activités, le petit garçon qu’il était restait inflexiblement sombre.
Il était occupé à résoudre un imbroglio causé par deux de ses pensionnaires lorsqu’il reçut l’appel. Il prit soigneusement le combiné noir posé au mur et le plaça près de sa bouche rongée par un mal silencieux. Il prit le temps d’écouter son interlocuteur sans pour autant lui répondre. Mais, n’étant pas très enclin à écouter une personne complètement hystérique, il posa lentement le combiné sur son appui. Mais avant qu’il eût raccroché, il put entendre la voix nasillarde vociférer à l’autre bout du fil. Une fois le combiné muet, un long soupir rongea le silence troublant de la pièce. La peste.
Chemin faisant, il ne put s’empêcher de sourire. Il perdit ce sourire lorsqu’il poussa la porte de l’épicier. Sa réaction s’apparentait à celle d’une hyène affamée, charognarde et flanquée d’un rictus méprisant, mais ce jour-là, tout cela lui semblait bien normal. Le lendemain, sa journée fut bien différente. Trois nouveaux clients arrivèrent, grelottants. En tant qu’hôte renommé, il s’empressa de fournir à ces derniers de quoi les réchauffer. Ils furent rassurés lorsqu’il prit le temps de prouver sa maestria. Une fois leurs chambres attitrées il trotta jusqu’aux lourdes portes du domaine,
Lorsque le maire vint s’adresser à la population fébrile, il expliqua que le fléau devrait être enrayé d’ici quelques jours. Un murmure secoua la foule. Selon l’homme aux traits sombres situé à l’écart de la foule, l’isolat qu’ils étaient devenus était bénéfique pour tous et rien n’aurait la force de séparer sa nouvelle communauté. Lorsqu’il s’en retourna, douze nouveaux clients l’attendaient près des grilles, immolés par le froid brûlant de son domaine.
Les jours passèrent. Plus d’une centaine de visages inconnus vinrent cogner à sa porte. Selon son livre, tout portait à croire que le maire s’était trompé, tout porte à croire que le maire est mort.
Des nuages noirs planent sur Oran. Le voile sombre de la peste nous étouffe de plus en plus. Bientôt, il nous aura englouti. En tout cas, c’est ce que le maire lui a chuchoté dans un soupir ce matin alors qu’il déposait soigneusement un linceul sur son corps froid.
On ne le connaît pas. Les passants le considèrent d’un œil aveugle. Si les gens le remarquaient, tout serait bien différent.
Il vient de déposer sa plume. Son œuvre sera enfin partagée avec autres que ses pensionnaires. Demain, il ira vendre son livret à l’épicier, friand de lecture, qui y voit fantaisie d’un soudain poète.
Les choses vont très bien pour sa petite entreprise. Maintenant, lorsqu’une âme avertie le croise dans le couloir silencieux qu’est devenu la rue, il est reconnu. Après tant d’années d’oubli, une main lente mais implacable ouvre les yeux de tous et désigne inlassablement celui qui a tant peiné pour attirer vers lui-même le plus anodin des regards. Il est fossoyeur.
Personne ne connaît son nomPour tous, il est «Le corbeau de glace». P.S. Ceci n'est pas une autobiographie ><